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5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 18:08

Tout le monde a maintenant repris la route, le chemin ou la piste. Bonjour et bonne rentrée.

On dit que tous les chemins mènent à Rome mais ils mènent parfois en Russie. En voici une illustration :

 

"Les villes devraient être construites à la campagne, l'air y est tellement plus pur"

Le vieux soldat, avait sans doute en tête cette citation attribuée (1) à Alphonse Allais quand il inscrivit ses ouailles du République Club de Saint Petersbourg à La Tourkvilskaise. Course pédestre tout à fait adaptée aux paroles du célèbre auteur français qui se déroula, en un matin radieux, le dimanche 28 septembre 2014.

"Le vieux soldat" occupait le poste de responsable des inscriptions.

Comme chaque semaine, le balai des voitures respectait la trêve dominicale. L’atmosphère se trouvait momentanément lavé des nombreuses particules qui le polluent régulièrement les jours de grande circulation.

Les poumons des coureurs pouvaient donc s’emplir sans scories et nourrir d’oxygène les gambettes des compétiteurs appelés à emprunter quelques ruelles bordées de jardin puis, pour les concurrents du dix, s’engager dans la partie champêtre qui domine la ville.

"Le vieux soldat", dont on ne saluera jamais assez l’abnégation pour les causes qu‘il défend, jubilait. Pensez donc, ce survivant des batailles de Russie contre Napoléon, qui servit le tsar avant le RCS, voyait son contingent d’inscrits à l’épreuve se gonfler de quelques francs tireurs mobilisés au dernier moment. Pour quelqu’un qui engageait déjà, bébé, ses camarades de couche à la course aux biberons, vous pensez s’il bichait !

Des épreuves de jeunes précédaient les deux épreuves "kilométriquement" les plus conséquentes.

Je ne sais pas si beaucoup de monde le remarqua, mais lors de l'une d'elle, un père courait au côté de son fils tout en l’exhortant à gagner. Il provoqua la réaction du speaker qui utilisa sa verve à l’encontre de ce contrevenant aux règles :

  • IL EST INTERDIT DE COURIR A CÔTE DE VOS ENFANTS, VOUS NE LEUR RENDEZ PAS SERVICE !

Plus l’arrivée approchait, moins le père indélicat entendait.

Ceux qui regardaient le père suiveur plutôt que l'enfant vainqueur furent les témoins d'un spectacle curieux. Le pantalon de survêtement du senior se transforma brièvement en couche et un hochet lui obtura la bouche. événement qui mit fin illico à ses cris d’exhortation et à sa cavalcade effrénée. La course par procuration était momentanément bâillonnée.

Cet événement resta quasiment inaperçu mais il représenta, comme vous allez le constater, les prémisses d'une intervention divine.

 

Igor Popovitch avait une longue carrière de pope derrière lui. Un pope peu orthodoxe si j'ose dire puisqu'en plus d'aimer la course à pied, il affectionnait le pop art et la pop musique. Une contradiction à l'époque de la guerre froide. Pour s'afficher en faveur d'un mouvement artistique ou musical provenant de Grande Bretagne et des Etats unis, il ne fallait pas avoir froid aux yeux !

Comme vous le saurez désormais il courrait aussi. Par goût de l'effort mais plutôt mal car mettre un pied devant l'autre lui causait bien du tourment en raison d'un strabisme divergent. Un de ses yeux regardait vers le paradis alors que l'autre lorgnait vers l'enfer. En cela il ressemblait à beaucoup d'entre nous me direz-vous. A la différence près qu'il avait su résister, lui, et plus souvent qu'à son tour, à la part de vision en dessous de la ceinture.

Pour se déplacer en évitant les obstacles, par contre, sa trajectoire n'avait pas connu la même rectitude. Il s'égarait fréquemment, prenait le chemin à l'envers ou heurtait quelque obstacle qui provoquait sa chute.

Il persistait pourtant et ce chemin de croix, doublé du don de sa personne au profit d'autrui, lui avait valu la sympathie de Saint Pierre. Ainsi, quand il rendit l'âme, c'est tout naturellement que ce dernier lui confia le rôle d'ange gardien.

 

Grisha Chevalski et Fedor Jean Jolaï galopaient souvent de concert aux entraînements du mercredi matin organisés par le RCS. Une solide amitié les liait, mais ils n'étaient pas exemplaires. Ils s'étaient attirés les foudres du commissaire politique du club, Vladimir Ilitch Algrainov, car ils n'effectuaient souvent qu'un entraînement par semaine.

De retour de vacances, ces renégats révisionnistes du fractionné collectif, attirés par le cadre champêtre de la Tourkvilskaise, avaient décidé d'y effectuer leur rentrée. Ils choisirent le cinq kilomètres.

Saint Pierre ressentit la nécessité de leur adjoindre un ange gardien. Le vernissage des ailes d'Igor Popovitch avait lieu sur le nuage d'à côté, le rapprochement ne fut pas long à faire. Igor se vit bientôt confier sa première mission. Accompagner les deux Pétersbourgeois pour leur éviter les chemins de traverse.

 

La femme de Gilles, Fedora Chevalski, prétendante à la victoire dans sa catégorie en l’absence de la grande Catherine, tsarine de toutes les V3, se joignit aux deux garçons à la fin de leur échauffement.

Igor voletait au dessus des trois concurrents qui trottinaient gentiment. Il se fit la réflexion que la découverte de la légère bosse du "cinq" leur permettrait de calculer l'effort à fournir. Il infléchit donc discrètement leur déplacement vers elle. Malheureusement l'ange à la vue basse s'était trompé en lisant l'heure de départ, il eut la pétoche que ses administrés soient en retard et sema le doute dans l'esprit d'un commissaire de course afin de rattraper le coup. Celui-ci alerta inopportunément les trois participants qui rentrèrent prématurément sans s'être frottés à la déclivité.

Les débuts de l'ange Igor ravissait Satan. Ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ?

Malgré tout, l'attente du départ ne parut pas trop longue aux trois protagonistes. Le signal du starter les libéra et les deux garçons filèrent devant. En dépit d'une course zigzagante, provoquée par les impulsions maladroites d'Igor nos deux compères arrivèrent à bon port. Tantôt l'ange freinait l'un ou l'autre, tantôt il le poussait. Malheureusement du fait de son handicap visuel leur trajectoire n'était pas plus rectiligne que le vol de leur superviseur. Reconnaissons cependant que l'action de l'ange eut aussi du positif quand il ralentit l'un au profit de l'autre, puis l'autre au bénéfice de l'un. Opération qui leur permit de terminer ensemble conformément à leur vœu.

Sur la ligne, Igor, le devoir accomplit se retourna et s'aperçut que derrière eux courrait Nathalie. Elle avait un joli nom, etc...

Cela lui donna des idées :

il sortit de sa mission,

prit l'initiative d'aller musarder dans la côte du dix bien plus difficile que celle du cinq,

Contempla La Neva qui coulait plus bas,

Admira Hassan le premier, qui volait comme un avion sans aile, pratiquement aussi rapidement que lui.

Il s'arrêta ensuite afin de voir passer tous les membres du club :

Nicolas Stouffletovky le nez au vent, inventeur du jeu des mille lieux tant il va courir loin,

Roman Hautotnine surnommé "Hautot en emporte le vent" Pour sa capacité à se déplacer à la vitesse du mistral (gagnant),

Lev Mabitchev le septuagénaire qui ne descend jamais du podium,

Bien d'autres encore dont l'impressionnant président Vladimir Pesquetine qui prétend mettre les dissidents osseliens à sa botte.

Je ne peux les citer tous tellement ils sont nombreux. Qu'ils me pardonnent.

Je m'attarderai cependant sur celui qui ferma la marche du cinq kilomètres, "Notre vieux soldat", victime d'un ange gardien has been encore plus maladroit qu'Igor. Le seul d'ailleurs à être devenu ange avant son décès : Robert Hue.

On les a associés de là-haut pour une simple raison : ils portent le même collier !

Avec Jésus Christ, depuis la multiplication des poils, on n'en est plus à Une barbe près.

 

                                                              Jean François

 

1 L’aphorisme « Les villes devraient être construites à la campagne [...] » n’est ni d’Alphonse Allais, ni d’Henry Monnier, à qui on l’attribue comme étant extrait de sa pièce grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme (qui date de 1852), sans qu’une double lecture de cette pièce n’ait permis de le vérifier. L’idée en revient, en réalité, à Jean Louis Auguste Commerson, qui publia en 1851 les Pensées d’un emballeur, où l’on trouve : « Si l’on construisait actuellement des villes, on les bâtirait à la campagne, l’air y serait plus sain. » Il faut donc rendre à César ce qui lui appartient, même si une formulation plus heureuse a permis à Henry Monnier et Alphonse Allais de faire oublier le véritable inventeur de l’« idée » des villes à la campagne.

 

24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 15:22

Retour épisode précédent "Les voies du seigneur sont pleines d'imprévu"

 

4. Dernier relais

 

Sur le dernier mé mé, la sorcière visionnaire qui avait fourni un gros effort de concentration s’endormit.

Mes vêtements étaient secs. Le feu était d’ailleurs en passe de s’éteindre.

A pas de loup (dans mon appareil, plutôt loulou de Poméranie que grand loup des Carpates) , je récupérai mes habits et me vêtis sans bruit.

Je regagnai la porte, tirai la bobinette et la chevillette cherra.

A peine dehors, j’entendis une voix d’outre tombe venue de l’intérieur me crier :

- Retiens la leçon, Petit !

Suivit un formidable rire satanique nic nic

Sans demander mon reste, je pris mes jambes à mon cou cou cou.

Je serais bien dans l’incapacité de retrouver cette maison à l’heure actuelle et pour tout l’or du monde je ne souhaiterais pas tomber dessus.

Compétiteurs qui participez aux relais de Saint Paër, lointaine copie de la course évoquée plus haut, ou d’ailleurs, tirez les leçons de cette histoire et prenez garde à la sorcière au balai, d’après Sancho Patou, elle survole parfois les courses les jours où elle est de sortie, quand il fait beau. Les jours où Sancho a beaucoup bu en somme afin d’éviter la déshydratation, comme tout coureur consciencieux qui se respecte, bien entendu.

 

                                                                         Jean François JOLY

 

17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 15:13

Retour épisode précédent ".Jéronimo et sa tribu "

 

3. Les voies du seigneur sont pleines d’imprévu.

 

L’équipe constituée, il s’agit alors de prévoir l’ordre de passage le plus efficace.

Chacun possédant une opinion excepté Sancho Patou qui répondit bof quand on lui demanda son avis, la discussion fut serrée.

Aucun argument ne prit le pas sur l’autre et en désespoir de cause, on décida qu’on établirait l’ordre de départ en fonction de la taille. On se disposa donc les uns à côté des autres comme les frères Dalton.

Ce serait donc Jo, Johan de Giordanello qui ouvrirait la route de façon à créer un écart qu’on espérait déjà décisif; Sofia aurait pour mission de préserver une partie de cette avance; l’étalon présidentiel serait chargé de renforcer la position de manière à ce que Sancho Patou alias Averell, le plus grand, clôturât l’exercice en toute sécurité.

Les événements ne se déroulèrent pas de cette manière …

En ce qui concerne Jo, rien à dire, en un ave et trois Bip Bip, il fila la la,

passa en tête le crucifix (qui servait de témoin dans le relais du Saint Père) à Sofia Ya ya.

C’est lors de ce deuxième parcours que les choses se gâtèrent.

Notre participante fut rejointe par un relayeur de l’équipe des vieux loups solitaires. Ils se mirent à bavarder en courant et sympathisèrent au point de partager une galette et un petit pot de beurre au ravitaillement ! Certes elle avait à faire à un joli loup blanc des Carpates mais tout de même, le retard qui s’ensuivit provoqua la colère de Jo qui piétina de rage son bonnet sur l’aire de passage des témoins.

Dieu merci, Jeronimo rattrapa le coup. Fraîchement transfusé de sérum de pur sang de cheval il se mit à hennir et galopa tant et si bien qu’il passa le relais en tête à Sancho en criant :

- le cheval vit en moi wa wa !

HELAS, trois fois hélas lasse lasse !

Sancho pensa.

Et quand Sancho pense en courant, il se penche sur son passé. La vue d’un moulin qui se trouvait sur le chemin en fut la cause. Il se souvint du relais des Moulins courut avec son président, course où il eut à lutter contre le vent répercuté par les ailes en sens inverse de sa progression. Cette adversité provoqua leur perte et une blessure d’amour propre non encore refermée. Craignant un nouvel échec, il entreprit de bloquer les ailes du géant. Lutte désespérée et chronophage fage fage.

Sur la ligne d’arrivée, Jo mangeait son bonnet.

Pour se soutenir moralement, Sofia et Jeronimo chantaient en implorant :

San cho, San cho, San an cho reviens,

Sancho reviens parmi les tiens

Laisse le moulin qui guide ton chemin

Toi qui le connais si bien.

Rien n’y fit.

Quand Sancho reprit ses esprits, il était trop tard tar tar.

Il rentra la queue basse et se fit rosser par Jo sans comprendre ce qui lui arrivait.

J’ai pourtant réussi à bloquer les ailes du moulin se plaignit-il.

Sofia prit un billet pour les Carpates pates pates.

Jeronimo fit une jaunisse. La défaite ou une réaction au sang de cheval, on ne le sut jamais mé mé.

La course fut gagnée par Le Racing Club des Tortues Païennes, un comble !

 

                                               

A suivre dernier épisode : "Dernier Relais"

10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 15:03

Retour épisode précédent : "Sur les chemins de l'enfer"

2. Jeronimo et sa tribu

 

Voici quelques années, entre la France et l’Espagne, vivait le comte Jeronimo de Pesquèt (prononcez peskète). Jeronimo n’était pas homme ordinaire. Oh NOOON !

Il représentait l’ordre. Tout sur lui, du soulier au chapeau, respirait la ligne droite. Dans la petite ville de San Esteban del Rouvret (prononcez rouvrète) dont il était l’une des personnalités, chacun connaissait sa figure aux contours géométriques.

On le surnommait Matrique.

L’esthétique mathématique et le calcul statistique l‘émouvaient ainsi que les concours hippiques.

La gente chevaline constituait d’ailleurs pour ce cœur de lad un sujet d’intérêt inépuisable qui finissait même parfois par lasser son auditoire tant il en faisait une histoire.

De famille noble, il avait appris à monter avec son père venu en Camargue pour exploiter des rizières avant de retourner, fortune faite, sur ses terres.

Le jeune Pesquèt avait grandi l’oreille collée à celle des chevaux vaux vaux,

Gambadant en liberté à travers les immensités du paysage camarguais gai gai.

Ce qui l’incita plus tard à bâtir un club de coureurs rompus à la technique du fart lek lek lek.

Au grand désespoir de sa famille qui lui cherchait un noble parti, ti, ti.

Jeronimo préférait la basket au parquet des palais princiers qui l’ennuyaient yé yé.

Son grand projet consistait à gagner le réputé relais du Saint Père sur les chemins méconnus de Compostelle car le mystique le branchait autant que la géométrie ou les chemins apostoliques lic lic.

Pour former son équipe et réaliser son projet il avait son idée dé dé.

En bon comte qu‘il était, Il tenait une comptabilité parfaite des résultats des ouailles de son club dont il s‘était auto proclamé président à vie : nombre de participations aux courses de chacun, résultats, classement par catégorie, type de chaussures utilisé, short et maillot préférés, autant d’informations qui allaient lui permettre, pensait-il, de sélectionner le team ad hoc, celui des plus assidus, celui enfin qui lui attacherait les faveurs des dieux de l‘Olympe.

Non pas qu’il soit particulièrement enclin à croire à une existence divine, mais dans le doute, jugeait-il préférable de mettre toutes les chances de son côté au cas où zoù zoù.

La deuxième partie de son plan consistait à s’inoculer du sérum de pur sang afin de galoper plus vite. A cette idée, il hennissait de plaisir zir zir.

Bien sûr ce projet imposait une compétence médicale qu’il savait trouver auprès de son bras droit, la jolie Sofia Molinella, infirmière de son état et vice présidente du club, à vie aussi si si.

Petite fille d’un ancien chanteur célèbre qui chanta naguère à sa grand-mère :

Molinella, ah reste encore dans mes bras,

Avec toi je veux jusqu’au jour,

Danser cette rumba d’amour, mour mour.

Sofia serait le bras qui piquerait pour offrir la globule chevaline.

On met bien du bourrin dans les hamburgers, pourquoi pas dans les coureurs ?

Restait à sélectionner deux autres relayeurs. L’étude statistique lui livra deux noms.

Sancho Patou d’abord, un grand escogriffe avec lequel Jéronimo avait déjà couru le relais des Moulins à vent,

Johan de Giordanello ensuite surnommé Bip bip depuis le relais du club où il passa nombre de partenaires comme s’il avait un coyotte à ses trousses.

Un de ses équipiers en ce jour fameux, surnommé lui, Jolly Jumper vit encore et peut en témoigner. Pour la petite histoire, je préciserai que le surnom de ce témoin lui attira, vous vous en doutez bien, les faveurs du président, amateur de bonnes montures. Président qui, soit dit en passant, lui rendit même quelques visites discrètes en scooter car ils habitaient la même ville. Mais nous nous garderons bien de nous étendre sur des faits divers qui ne nous regardent pas.

                                                                     

 

A suivre au prochain épisode : "Les voies du seigneur sont pleines d’imprévu"

3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 10:50

Bonjour lecteurs du blog 

La parution du dernier conte à dormir coureur concernant le semi marathon coïncidait à la fois avec le semi des Boucles de la Seine, mais aussi et cela tombait bien avec la journée de la femme qui y était mise à l’honneur.

Le prochain conte concernera une autre sorte d’épreuve non encore évoquée, le relais. Le club va participer à celui de Saint Paër et je ne doute pas, étant donné l’esprit de camaraderie qui y règne que de bons moments nous y attendent.

Après le cent mètres, le cross,  le semi, le marathon , le trail, voici donc le relais . Comme il y a quatre relayeurs, il paraîtra en quatre fois.

En vous proposant ces contes à dormir coureur, je m’efforce de traiter toutes les distances que nous sommes amenés à courir. Je souhaite aussi que chacun y trouve le rappel de moments vécus et du rêve. C'est la raison pour laquelle j'essaie de varier le fond des histoires qui me servent de support. 

Bonne lecture et heureuses futures courses à toutes et tous. 

 

1. Entraînement vers l’enfer

 

Il y a de cela fort longtemps, alors que je m’entraînais sur les petites routes d’une campagne reculée afin de préparer le relais du Saint Père qui se courait sur une partie méconnue du chemin vers Compostelle, le mauvais temps s’abattit sur moi comme la faim sur le pauvre monde à tel point que je dus me mettre en quête d’un abri.

J’aperçus au loin une habitation dont la cheminée fumait et j’accélérai aussitôt ma foulée pour y parvenir au plus vite.

La bâtisse présentait la façade peu engageante d’une maison de sorcière.

Peu rassuré mais sans alternative sous les bourrasques de pluie et de vent qui redoublaient de violence, je frappai à la porte.

Une vieille m’ouvrit. Pressé et trempé par les intempéries, je m’engouffrai dans la maison sans même regarder mon hôtesse, comme happé par le bon feu de cheminée qui éclairait la pièce principale. Je trébuchai sans tomber car il y avait un décalage entre le sol en terre battue de la maison et le seuil de la pièce et me précipitai vers l’âtre. J’y réchauffai illico mes mains et mon buste frigorifiés.

J’entendis alors dans mon dos une voix chevrotante s’adresser à moi sur un ton perfide.

- On ne dit pas bonjour à sa bienfaitrice jeune homme ?

Confus je me retournai pour m’excuser mais les mots s’arrêtèrent dans ma bouche avant qu’ils ne sortent.

Je restai saisi. Le visage de la vieille qui me dominait de dix bons centimètres était penché sur le mien à le toucher. Mon panorama donnait sur une bouche édentée surmontée d’un regard perçant de rapace, le tout entouré de filaments blancs, lointains souvenirs d’une chevelure.

Un souffle à l’odeur fétide s’exhalait de ce gosier, terrorisant l‘intérieur de mon nez.

Elle m’examinait telle une mante religieuse qui paralyse sa proie.

- Ni poli, ni bavard proféra-t-elle. Puis elle se mit à pratiquer une danse macabre qu'elle accompagna d'un grand rire satanique qui me donna la chair de poule.

Peu enclin à devenir le héros malheureux d’un conte à mourir coureur, je pris sur moi pour dépasser le stade pétochal dans lequel j‘étais prostré. En recherche d’un acte salvateur, je lui adressai la plus horrible des grimaces que je pus confectionner de mes traits figés tout à la fois par l’appréhension et le froid. J’accompagnai cela de mille pardons et d’autant de mercis.

Vous savez comme moi que la grimace est à la sorcière ce que le sourire est à la fée.

La mienne parut lui plaire. Elle sembla se radoucir.

- Ôte ton short et ton maillot, petit, ils sont trempés, on va les faire sécher me dit-elle d’un ton égrillard et va replacer la chevillette et la bobinette sur la porte d‘entrée que le vent ne s‘engouffre pas.

Ah mes amis, que d’émotions ! Quel choix adopter ? Étais-je tombé de Charybde en Scylla ? La tornade ou …

En slip, comme écrasé par la fatalité, j’allai tirer le verrou.

Entre temps, cette femelle diabolique avait mis à sécher mes oripeaux et installé une peau de mouton devant le feu.

Assise, tournée vers moi, elle me fit signe d'avancer de son doigt crochu.

Ses ongles étaient longs, sales et affûtés comme des lames de rasoir.

Je cours au supplice peuchère me dis-je en progressant vers elle comme un condamné se rendant à l’échafaud.

Elle s’était emparée d’un balai. Avec le manche elle tapota l‘espace vide de la peau de mouton, qui se situait près d‘elle de manière à me montrer l’endroit où je devais m’asseoir. J’obtempérai.

Je sentais son flanc ridé tout près de ma hanche.

Un crapaud hideux et gluant vint se frotter contre elle comme un toutou vient câliner sa maîtresse.

Nous restâmes ensuite un long moment le regard fixé sur le foyer puis elle brisa le silence.

- Sais-tu, petit, que je lis l’avenir et le passé dans les flammes ?

Vous pensez bien que je n’avais nulle envie de la contrarier !

- Comme tu m’es sympathique, je vais te narrer l’histoire que les oracles nous envoient.

Projetées sur le sol par la lumière des bûches qui crépitaient, nos deux ombres s’emmêlaient et se détachaient, se déformant sans cesse au gré des caprices du feu.

J’implorai dame fortune que cela ne donnât pas d’idées malsaines à mon horrible compagne.

Dieu merci, elle entama son récit.

Curieusement, sa voix s’était posée et la fin de certaines de ses paroles répercutée sur la paroi des murs nous revenait en écho, co, co.

                     

                                          

 

 A suivre au prochain épisode : "Jéronimo et sa tribu"

 

19 février 2014 3 19 /02 /février /2014 10:19

Et la femme créa le semi

 

Quel drôle de lieu !

Ici, on lave plus blanc que blanc !
D'ailleurs, qu’est-ce que je fous là ? Que m'est-il arrivé ?
Jamais vu d’endroit si impersonnel, si neutre.

 

Une voix féminine interrompit soudain ses pensées

 

Tiens, se dit-il, ce timbre ressemble à celui de la célèbre député Christine Boutentrin

 

Cette sportive de la première heure avait milité, entre autre, avec le mouvement des mamellen pour le droit des femmes à courir seins nus et pour que les équipes du célèbre relais des familles soient constituées exclusivement d'un papa, d'une maman, d'une petite fille et d'un petit garçon. 

Son coup d'éclat lors de la remontée du boulevard de la République avec plusieurs de ses collègues, particulièrement bien pourvues, habillées en Marianne, un sein dénudé à l'image du tableau de Delacroix "La liberté guidant le peuple", avait enthousiasmé les députés masculins majoritaires à l'assemblée nationale où la parité officiellement souhaitée n'est toujours pas de mise. Il est à remarquer que la première de ses propositions a été votée à l'unanimité des représentants mâles du peuple , toutes parties confondues.  


- Bonjour Philippe, racontez-nous d'abord ce qui s'est passé avant que vous vous trouviez ici.

 

- Qui êtes-vous ?
Pourquoi ne vous montrez-vous pas ?
 
- Ecoutez mon enfant, nous savons que dans l'exercice de votre fichu métier, vous avez posé des questions toute votre vie, mais ici, c'est nous qui posons les questions.  
Chacun son ciel et les âmes seront bien gardées.

 
- Si je refuse de répondre ?
 
- Vous en avez le droit.

Nous attendrons simplement que vous soyez prêt...

Le temps risque de vous sembler long.

Une éternité si je puis me permettre.

Ici bas, vous vous plaignez souvent que le temps passe vite alors une éternité à attendre ça fait réfléchir non ?

Sans compter que vous pouvez compromettre un éventuel retour qui ne pourrait être, vous le comprendrez bien, que temporel.

 

- Laissez-moi au moins reprendre mes esprits.


- Reprenez, reprenez, nous prenons soin de l'esprit à la lettre. Nous tiendrons compte de vos états d'âme.

 

....
 
- Voilà… ça me revient… les choses ont débuté ainsi.
J’avais une oreillette, oui une oreillette et j’ai entendu ceci :


- "À tous les coureurs, 
- à tous les coureurs,

- restez vigilants.
- Je répète, restez vigilants. 
- N’essayez pas d’épater vos copains ou vos femmes par un temps canon. 
- Je vous rappelle les consignes : votre mission consiste à surveiller.

- Rien n'est censé vous échapper.
- Les informations sont vagues mais il y a une forte crainte d’attentat.
- On ne vous fait pas courir pour briller.
- Restez discrets, respectez vos temps de passage et scrutez méthodiquement tout individu évoluant dans votre secteur de course.
- Quelles que soient les personnes : spectateurs, concurrents ou autres, signalez toute proéminence suspecte, au niveau de la taille particulièrement".


- C’est dingue comme ça me revient précisément !
Alors je me suis dit :
saletés d’oreillettes, elles crachouillent. J’espère que l’on ne va pas avoir à subir leurs recommandations durant toute la course ! 
Me font marrer. Respectez vos temps de passage ! 
Sous prétexte que je me défendais bien quand j’étais jeune et qu’ils avaient besoin d’un effectif conséquent, ils m’ont réquisitionné pour cette mission alors que je n’étais pas volontaire. Je ne sais même plus évaluer une cadence !
Et puis suer sous un gilet pare-balles, même allégé, avec au-dessus une veste de survêtement pour le camoufler, c’était nous infliger le fardeau du soldat athénien, non du soldat marathon ! Où allait-il déjà, à Sparte ? Oh, je ne sais plus. Enfin vous en conviendrez, cette mission ne s'avérait pas commode …

 
- Par contre je me rappelle qu’il s’appelait Philippides.
Moi, je me prénomme Philippe! Curieuse coïncidence, vous ne trouvez pas ?

 

- De qui parlez-vous ? 
 
Du soldat Marathon pardi.

Que n'ai-je vécu à son époque ! Lui a combattu avant d’informer, nous, on doit informer avant d'éventuellement combattre !
Et pourquoi pas une menace d’attentat pour un dîner au Fouquet’s en plein milieu de la confrérie des mangeurs d’escargots. Au moins, on aurait pu se permettre quelques bavures !

 

- En réalité le soldat qui parcourut la distance qui deviendra celle du marathon, nom du village d'où il était parti, pour annoncer la victoire de leurs troupes aux Athéniens ne s'appelait pas Philippides mais Euclée. Je vous rappelle d'autre part que vous surveillez le semi marathon de Paris et non la distance supérieure, vous comparer à Euclée vous mène au pêché d'orgueil.
 
- Saint Pierre donne moi Euclée !

 
- Allez, riez un peu ! 

Décidément, le mot humour doit être étranger à votre lexique.

ni les bavures d'escargot, ni le jeu de mot sur la clé ne vous amusent.
Enfin ... 

Bon, je reprends, j’errais là parmi les concurrents, un pistolet dans ma poche de survêt et un mini micro sur le torse pour communiquer en cas de besoin.
Rien de suspect. 
Quelques kenyans aux jambes effilées s’échauffaient comme des gazelles. 
Même à pleine vitesse, je n’aurais pas pu suivre leur galop de préparation à la course.
Avec leur torse beaucoup plus petit que leurs membres, on aurait dit des araignées d’eau sur un lac de bitume. 
Parmi cette foule pléthorique, tout à ma recherche visuelle d’individus douteux, j’en profitais pour respirer l’ambiance printanière de cet événement sportif parisien. J’appréciais l’excitation qui montait à l’approche du départ et m’attardais sur quelques croupes racées de juments fort bien pourvues par la nature.
 
J’espère que je ne vous choque pas mais un homme reste un homme.


 
- J'en conviens, je n’avais malheureusement rien d’un étalon. Eus-je été Apollon lui-même, qu’elles ne m’auraient point regardé tant elles étaient concentrées sur leur course imminente.
Toujours est-il que, pendant quelques instants, j’ai moins regretté d’avoir été choisi.
Moins on en dit, mieux on se porte. Si le chef n’avait pas su que je courrais correctement, il ne m’aurait pas couché sur sa fichue liste de volontaires désignés d’office.
Tiens c’est comme à l’armée, j’avais commis l’erreur de dévoiler mon deuxième prénom, Hercule. 
Ma mère adorait les romans d’Agatha Christie...
Vous pensez bien que les troufions ne m’ont pas raté. Pour eux, j’ai vite été le Poirot de service, celui qui avait droit aux corvées de chiotte plus souvent qu’à son tour sous prétexte que le nettoyage des écuries d'Augias faisait partie des douze travaux d’Hercule !
Pas qu’ils se délectaient dans le détail des événements historiques avant de me connaître, les bougres, mais avec un tel prénom, je m’étais intéressé à la mythologie grecque et avais commis l'erreur de leur en conter quelques passages durant les temps d‘ennui et Dieu sait s'ils pullulent quand on est pensionnaire de la grande muette !
 
- Pas de digressions intempestives et évitez de prétendre savoir ce que Dieu sait !
 
- Que voulez-vous dire ? Je ne prétends pas savoir ce que Dieu sait!
 
- Vous avez dit : Dieu sait s'ils pullulent.
 
Oh! Vous n’avez pas d’humour, vous êtes pitoyable. Il ne s’agit que d’une expression.
 
- Passez vous de ce genre d'expression religieusement incorrecte. Rentrez sur le droit chemin  qui mène à la vérité, nous reviendrons à Dieu plus tard. Reprenez le récit des événements.
 
- Vous en avez de bonnes, le droit chemin! Avez-vous déjà essayé de réaliser quatre minutes au kilomètre en slalomant entre une multitude de concurrents le départ donné? 
Épuisant, énervant, mais j’avais mon ballon à suivre. Il déterminait mon secteur à surveiller.
 
- Soyez plus explicite pour ce ballon.
 
- Pas un ballon de rouge, rassurez-vous, on a changé dans la police. 
Pour chaque temps à réaliser, il y a un guide, une personne expérimentée qui est munie d’un ballon que l’on aperçoit au dessus des têtes afin de respecter un tableau de marche régulier.
Mais pour moi, régulier ou pas, quatre minutes au kilo, c’était trop rapide. D’autant plus qu’il fallait que je surveille les gens qui courraient autour de moi.

Faut pas prendre les poulets de la nation pour des canards sauvages.
 
- Vous avez donc failli à votre mission.
 
- Hé là, tout doux l'amie, je me suis accroché. J'ai ma fierté et un sens du devoir très développé.
Vingt minutes vingt aux cinq kilomètres puis quarante minutes trente-trois aux dix, on ne peut pas dire que je m'situais trop loin de la zone de surveillance impartie.
 
- Je vous l'accorde. Que s'est-il passé ensuite ?
 
- Ensuite, j’ai rejoint Moïse vers le douzième kilomètre. L’Inspecteur Moïse Dieudonné, ça ne s'invente pas. On le surnomme Baraque parce que c’est un véritable athlète. Il était cuit. On l'avait chargé de la surveillance des « trois quarante-cinq ». Une contracture l’empêchait de fournir son rendement habituel. Quand je suis arrivé à sa hauteur, je lui ai dit:
- Alors Barak, you canes ? Elle est bonne, non?

 
- Ok ... Il m’a demandé de forcer l’allure pour le remplacer car l’attitude d’un coureur lui avait semblé un peu bizarre.
Le quidam, qui paraissait très nerveux depuis le départ lui avait coupé brutalement la route pour rejoindre un homme posté sur le côté avec un bidon. Quand celui-ci le lui avait tendu, il avait eu un peu de mal à le tenir à bout de bras. Il paraissait un peu lourd pour n’être rempli que de boisson. De surcroît les deux hommes qui avaient échangé deux mots ne parlaient pas français. 
 
- Qu'en avez-vous conclu ?
 
- Nous savions les sloves mécontents de la France en raison de la reconnaissance par celle-ci de l’indépendance du Kasaya.
Nous nous sommes dit qu’il pouvait s’agir de nationalistes sloves du général Sadic.
Alors malgré mes poumons qui me jouaient ramona et les muscles de mes jambes qui brûlaient, j’ai forcé l’allure. Le temps que Moïse me décrive le physique du quidam, il restait encore six kilomètres à parcourir.
 
- Pourquoi ne pas avoir d'ores et déjà donné l'alerte ?
 
- Ce n’était encore qu’une vague éventualité.
 
- N'était-ce pas plutôt dans l'espoir de réaliser une arrestation spectaculaire avec tous les avantages personnels qu'une exposition aux médias rapporte ?
 
- Toute peine mérite récompense ne pensez-vous pas ? 

Et puis à notre époque, qu'est-ce qui compte le plus, l’efficacité où la com?

 
- Les six kilomètres restants ?
 
- Un calvaire !

Pour rien dans un premier temps car je ne suis pas parvenu à le rattraper. 

Par contre quel ouf de soulagement une fois la ligne franchie ! 

Finalement le meilleur de la course à pied, c’est quand on s’arrête!
 
- Épargnez nous ces nouvelles considérations sur le sport. 

Et sur le reste aussi d'ailleurs...

L'individu ?
 
- Je l’ai aperçu en m’engageant entre les barrières où l’on nous canalisait. Je venais d’ôter la puce qu'on place sur la chaussure.
 
- La puce ? Vous parlez du parasite ?
 
- Vous n’y êtes pas, je parle de celle qui permet à la bande de champ magnétique placée sur la ligne d’arrivée de relever notre temps exact.
En me relevant, j’ai remarqué le suspect dans le couloir voisin, maillot noir, chauve comme Moïse me l’avait décrit et le bidon à la main.
 
- Avez-vous remarqué la féminine qui se trouvait devant vous dans votre couloir à ce moment là ?
 
- Non, pourquoi?
 
- Terminez, vous le saurez plus tard.
 
- Et bien il est sorti des barrières, je le vois très bien, il se dirigeait vers la tribune officielle.
Je l’ai sommé de s’arrêter, il s’est mis à courir.
Putain que j'me suis dit, faut remettre ça!
 
-Pas de vulgarité !
 
- Vulgarité ? ça n’est pas dans les mots qu’on la trouve le plus et puis j’ai le plus grand respect pour ces dames qui gagnent leur vie à la sueur de leur… de leur…
Enfin je me suis dit : faut que tu le chopes avant qu’il n’atteigne la tribune.
J’ai sprinté, je l’ai plaqué et…
Et là… là, j’ai un trou.
 
- On peut dire que vous en avez même eus plusieurs !
 
- Que voulez-vous dire ?
Pourquoi ce ton ? Vous vous moquez de moi ?

 

- Vous qui aimez l'humour, vous ne l'appréciez pas quand il est noir ?


- Rassurez-moi, vous ne voulez pas dire que…
 
- Si
 
- Mais alors je suis…
 
- Pas encore, dans le coma pour l'instant.
 
- Vous êtes médecin ?
 
- Pas vraiment. 

Etes-vous croyant Philippe ?
 
- Vous rigolez ? 

Je devrais employer un autre terme car excepté l'humour noir, j’ai pu constater que ça n’était pas votre fort. Avec ce que je vois quotidiennement dans mon travail, on ne peut qu’être sceptique sur l'existence d'un gentil créateur qui veille sur ses ouailles. 
sceptique comme la fosse !
Plaisanterie pour vous taquiner mais ne m’en veuillez pas, c’est nerveux, je n’en mène pas large.
Si vous pouviez m’éviter la fosse, je vous en serais très reconnaissant et tout disposé à revoir ma position sur l’existence de l'être suprême.
Mais qui êtes-vous enfin!
 
- La concurrente qui vous a précédé à l'arrivée. Je suis noire.

J'avais été envoyée sur terre pour inciter les hommes à se tourner vers d'autres valeurs que l’appât du gain et le profit.

En plaquant le terroriste vous avez provoqué l'explosion de la bombe qui était contenue dans le bidon.

Mon enveloppe charnelle a volé en éclat et la vôtre a sérieusement été endommagée.

Je n'ai pas eu le temps d'ébaucher mon travail de rédemptrice qui consistait, par un discours à la tribune de presse, interviewée par le journaliste de "La croix" subitement guidé par une inspiration divine, à sensibiliser la foule et découvrir ma venue au milieu des pêcheurs.

Ma mère et le Saint Esprit n'ont pas jugé bon, déjà échaudés par le traitement infligé à mon frère par les romains, de poursuivre ce nouvel essai.

Comme vous dites sur terre ce serait donner de la confiture aux cochons.

 

- Désolé pour l'explosion, j'ai cru bien faire.

 

- Je vous entends mon fils, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Afin de vous montrer que je ne vous en garde pas rancune, puisque l'Histoire veut qu'il y ait une résurrection, autant que ce soit la vôtre, je vous accorde un retour à la vie. "La pitoyable" va vous sortir du coma. 

 

- Oh, merci Sei… 
Euh ... Comment dit-on Seigneur au féminin?

 

Jean François JOLY

 

Note de l'auteur : toute ressemblance avec des seins, qu'ils aient ou non existé, ne serait que pure coïncidence.

 

17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 11:17

Chers amis Du RCS je vous souhaite tout d'abord la meilleure réussite sportive pour certains et les plus beaux moments de loisir possibles pour tous. Le relais du club nous a montré une nouvelle fois que le mot convivialité recouvrait tout son sens dans notre club que l'on soit marcheur, coureur ou simple consommateur de galette.

Certains d'entre vous rattrapent déjà les agapes en redoublant d'efforts en fonction d'objectifs plus ou moins lointains. Le fractionné, parfois sur de petites distances, entre dans leur préparation.

L'occasion pour moi d'aborder après le marathon, le cross et le trail, la plus courte des épreuves pour enrichir le panel des distances abordé par la rubrique des Contes à dormir coureur.

L'occasion aussi de mettre en garde nos compétiteurs. Attention ! Les dérives du sport spectacle ne sont pas loin.

Un ami que je nommerai pas, qui a peu de cheveux et des lunettes, a du changer de chaussures tant ses pieds ont grandi...

Il chausse désormais des Nike d'un drôle de bleu pétant mais chut, nous ne sommes pas des new balances.

Il prétend que c'est le cadeau de Noël de sa femme. Ne nous y trompons pas et voyez plutôt ce témoignage que je suis allé spécialement recueillir aux States pour le ramener dans le droit chemin.

Bonne saison à tous.

                                                                               Jean François

 

 Le cent mètres : ni sang, ni maître.

Tout petit déjà, j’avais la vitesse dans la peau.

Attendez, je vous vois venir, pas enfant, ni adolescent, non… non…

Vous ne fractionnez pas sur la bonne piste.

Mais bébé, oui déjà bébé !

Vous n’allez peut-être pas me croire mais mon accouchement n’a pas duré dix secondes !

Le temps d’un cent mètres et le nouveau né avait giclé.

Cinq kilos six cent soixante-quinze, stoppés seulement par le cordon.

Un sacré choc pour ce dernier !

Une simple lime à ampoule

Aurait suffi à m’en séparer

Tant cette pompe nutritive avait été éprouvée.

Un mot qui fâche ampoule …

À peine my mother perdait-elle ses eaux que je jaillissais, à bloc,

De mes starting- blocks.

Bien joué big mamita,

Ton placenta n’était pas du nougat !

Le toubib, ce starter qui donne le signal de départ de la vie extra utérine,

Celle qui commence à la naissance,

N’a pas eu à dire: Poussez !

Je n’étais pas alors un gros dopé et, excepté ma mère, qui n’en a aucunement l’allure,

Je ne connaissais pas de créature.

 

Et puis les jours ont passé.

Dans mon ghetto, à proximité de la clinique,

Mes muscles se sont mis à gonfler.

At home, on mangeait souvent potatoes et poulet.

Cette nourriture m’a initié au mot hormone.

L’état de ma croissance n’en réclamait pourtant pas.

Une fois leur sac arraché à nos victimes, la raison prônait de ne pas traîner pour s’échapper.

Pas tant aux créatures à qui on le piquait, mais aux témoins, trop bien intentionnés

Envers ces dames qui vivaient un drame.

Nous nous en serions voulu de mêler du sang à leurs larmes.

Se doper n’était pas une nécessité.

Une fois le larcin effectué, un départ canon et savoir se faufiler,

Voilà les qualités que l’exercice demandait.

J’effleurais les créatures plus que je ne les voyais.

Dans la bande, je n’étais pas le dernier et l’on s’habitue vite à vouloir rester le meilleur.

Pour cela, il faut parfois allier des qualités paradoxales :

Avoir du cœur au ventre et exceller dans l’art de prendre ses jambes à son cou.

Je me suis éloigné de la clinique.

 

Vint le temps où l’on roule des mécaniques.

On a envie d’épater, de se faire mousser, admirer.

Appréciez mes pectoraux, mesdemoiselles, ils ne sont pas beaux ?

Qui veut tâter du bon biscoto ?

On toise les keufs.

On drague les meufs.

On est tenté par plus gros que les petits larcins.

On a des rapports interlopes avec la dope

Et on affole sur Interpol.

On s’affiche avec des créatures.

Rapport à ma rapidité, j’ai eu la chance qu’on m’ait récupéré.

On m’a trouvé une bonne université.

A elle les titres, à moi la vie d’étudiant choyé.

Du sucré salé car au menu l’entraînement était chargé :

Séries en tout genre, technique de départ, de foulée,

Relâchement, muscu, kiné.

Pour encaisser tout ça, le bonhomme aussi était chargé :

Hormone de croissance qui nécessite un changement de chaussures quelques temps plus tard.

Pas un problème quand on est bien sponsorisé,

EPO qui permet de supporter les charges de travail élevées, anabolisants, excitants.

J’étais un gros dopé mais l’accès aux créatures, priorité à l’efficacité, m’était par trop interdit.

Alors je suis devenu chasseur pour la nation : de records, de médailles, de primes.

Souvent le même cérémonial :

Toiser ses rivaux dans la chambre d’appel,

Se déplacer comme un déménageur,

Présenter un regard de tueur à faire saliver les speakers.

Et la concentration…

Ah ! La fameuse concentration !

Chacun son geste, chacun son rictus,

La ligne et la gloire t’attendent au bout de ton couloir.

Et le silence qui précède le départ…

Dans le stade, chacun retient son souffle,

Hormis le commentateur dans sa cabine

Qui s’évertue inlassablement à vendre son spectacle FANTASTIQUE !

Produit par des athlètes EXCEPTIONNELS !

A la plastique SENSATIONNELLE !

Regardez comme CETTE vie et MA chaîne sont BELLES !

 

A l’arrivée ?

Même pas fatigué !

On continue à courir,

On a tout le stade à sourire !

On se vêt du drapeau,

Un p’tit bisou aux potos

Et tape la main des supporters.

On s’arrête enfin aux micros, façon très pro.

Pour en arriver là, on a beaucoup travaillé.

Cette médaille on la voulait.

Quelle horreur! A la dope, jamais je n’ai touché !

Ces tricheurs, il faut sévèrement les châtier.

Les avions, les pays, les palaces,

Les spots de publicités, les festivités,

Toute la vie, toute la vie.

 

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé.

Sans doute un jaloux qui a trop parlé…

Dans mon sang ils ont décelé un produit interdit.

La plupart du temps, tout le monde se tait.

Là où se terre l’intérêt,

L’omerta croit et embellit.

On a fouillé mes bagages,

Les journalistes ont pu en noircir plusieurs pages.

Personne n’a voulu comprendre que je désirais soigner mon chien asthmatique.

De fait, j’ai trouvé autre chose. J’avais un médecin alcoolique qu’avait bouffé son code éthique.

Enfin, j’ai beaucoup menti.

Alors on m’a jeté aux orties.

Très mauvais pour l’image de leur business,

Quand la note devient trop épaisse.

Chaud pour la fédération dont tous les pores suent les sponsors…

Pschitt …

En fuite !

On a dit que j’étais un gros dopé et ma créature m’a quitté.

Comme j’avais pris goût au mensonge et que malgré mes brillants résultats universitaires,

Grand-chose, je ne savais faire,

Je me suis mis à confectionner des faux.

Me voici derrière les barreaux.

 

De ma cellule quand il fait beau,

J’essaie d’entrevoir un ruban d‘espoir.

Celui qui ceint la chevelure d’une angélique créature.

Elle me ferait oublier un présent fort frustrant.

Bien qu’en mon corps, mon sang ne fasse qu’un tour et me pousse à foncer,

derrière les murs de ma prison, pour prolonger la promenade

Dans cette cour qui mesure cent mètres,

je marche à tout petits pas,

et je parcours cette distance le plus lentement possible,

Histoire de faire passer le temps…

 

11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 21:27

Après le 5ème cross du challenge, le calendrier propose à de nombreux membres du RCS le trail de Montigny le 22 décembre. Pour contribuer à la préparation mentale de nos troupes, je vous propose ce conte à dormir coureur en vous souhaitant une bonne course. Certains événements relèvent de l'histoire, d'autres moins ! Je vous laisse le soin de séparer le bon grain de l'ivraie.

                                    J-F

 

Quand Romy rencontre Sissi.

 

Ne dit-on pas : " Ce que Femme veut, Dieu le veut" ?

 

Albert était Traileur, Sa femme, Huguette, jamais à l’heure, marcheuse.

 

Alors qu’il numérotait ses abattis meurtris par moult chutes, dont la dernière lors de l'épreuve de Préaux quinze jours auparavant et qu’il faisait part à sa compagne de douleurs persistantes dans le dos et surtout aux côtes qui avaient malencontreusement percuté une ornière, savez-vous ce qu'elle lui répondit ?

- ça tombe bien, demain il y a le trail des hautes falaises, j'ai envie d'une randonnée sur la côte, inscris toi.

La distance s'élevant à 30 kilomètres agrémentés de mille soixante cinq mètres de dénivelé positif, l'entrée dans sa soixantième année qu’il venait de fêter lui parut soudain périlleuse et l'outrage des ans sur son squelette un fardeau bien lourd à porter.

Devant sa moue dubitative elle eut alors cette parole qui restera historique dans leur histoire personnelle :

"Chouchou, s'il te plaît ..." accompagnée d'un regard de circonstance qui ferait passer le chat potté de Shrek pour un séducteur de pacotille.

Évidemment, il céda.

Le lendemain matin ils partirent donc pour Sassetot tôt, très tôt, trop tôt pour un dimanche.

Sassetot le Mauconduit pour être précis, dénommé ainsi prétend-t-on en Normandie car ses villageois auraient convoité le clocher de Sassetot le Malgardé, village voisin et l'auraient volé !

Ainsi les uns l'auraient mal gardé alors que les autres se seraient mal conduits !

Notre couple de sportifs voulut juger sur pièce mais fit chou blanc car le sassetotais se taît.

Et si le sassetotais se taît, comment voulez-vous que la sassetotaise ne se taise pas qu'elle soit sotte ou non !

Plus exactement, nos deux visiteurs constatèrent que la gent locale ne parlait que de ce qui lui plaisait.

De l'impératrice Sissi par exemple, ça oui !

Elle fut sassetotaise durant deux mois en 1875 dans le château qu'elle loua à son propriétaire de l'époque, un riche armateur du nom de Perquer.

Porque ?

Parce qu'il fallait à sa petite fille, l'archiduchesse Marie Valérie, à la santé fragile,un séjour au bord de la mer la plus iodée : La Manche.

Mince !

Son intendant lui sortit Mauconduit de la sienne.

 

Pour leur part, nos deux visiteurs se garèrent.

Le caravansétrail avait posé le parking de la course à proximité du château.

 

- Je ne sais pas si la chose a été efficace pour la petite (Marie Valérie avait sept ans), souffla Huguette à l'oreille poilue d’Albert lorsqu’ils le surent, informés par une Sassetotaise balaise, mais toi, le fragile, changer d'atmosphère va t'aérer les neurones !

 

- Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? répondit-il, paraphrasant Arletty (dont il était fan) dans Hôtel du Nord, bien qu'en l'occurrence c'est sa compagne qui empruntait la voix de la vedette et lui dictait la voie à suivre !

 

Mais revenons au trail puisque, à force de questionner et d'humer l'iode pour devenir intelligent, le temps avait passé et le départ allait être donné.

Les concurrents du dix et ceux du trente partaient ensemble. Le début de parcours n'allait pas laisser les coureurs sur leur faim puisqu'il les obligeait à descendre sur les plages des Petites Dalles et des Grandes Dalles puis à en remonter, de quoi satisfaire tous les appétits !

Les neurones d’Albert iodés un max, because le vent qui soufflait fort, fonctionnaient à merveille, ses gambettes, un peu moins.

Arrivé sur les galets des Petites Dalles, sans comprendre ce qui était à l'origine de ce mirage, notre ami crut apercevoir l'impératrice. C'est en effet là qu'elle prit les 32 bains qu'on lui attribue entre le 31 juillet et le 25 septembre 1875.

- Sissi ! S‘écria-t-il.

- Non, non ! lui répondit un concurrent.

Il en fut terriblement déçu.

Peut-on être si terre à trail ?

L'épreuve longeait ensuite la côte, Albert sentait terriblement les siennes endolories sur des chemins peu carrossables et face à un vent de tous les diables.

Dieu merci, tout corps normalement constitué, plongé dans l'effort suffisamment longtemps, se met à produire de l'endorphine.

La sienne, bonne copine, la joua fine pour endormir quelque peu la douleur.

Alors que la course quittait la côte pour remonter vers l'intérieur, il aperçut un yacht.

Il aurait juré qu'il s'agissait de celui qui accompagnait la monarque lors de ses bains.

Son pilote l'avait sauvée, rapporte-t-on, alors que Sissi avait été surprise par les courants.

Albert s’imagina en sauveur, dans un superbe costume blanc, sous une casquette de marin du plus bel effet. C’est peut-être pourquoi il lança tout fort à l'attention des occupants du bateau :

- Attention aux courants, Sissiiii...

- Non, noooon... Reprit une voix derrière lui !

- Albert n'en croyait pas ses oreilles ! Jusqu'où cet énergumène allait-il le suivre, de quoi se mêlait-il ?

Un rustre assurément ou un jaloux. Voilà, un jaloux !

Il aura remarqué que, tout à l'heure, aux Petite Dalles, la baigneuse n'avait pas été indifférente à son appel.

 

La remontée effectuée, le retour entamé, après avoir passé Clainville, chemins et routes traversaient des champs. Au loin, une cavalière galopait à bride abattue. Elle s'approchait du serpent de coureurs dont l'allure comparée à celle du superbe étalon évoquait le déplacement de baudets fatigués.

Le vingtième kilomètre était franchi. Beaucoup de voyageurs qui ont croisé ce village vous le diront, pénétrer Clainville vous laisse en proie dans les instants qui suivent à un vil clin d'oeil du destin. Exception qui confirme la règle, le sien fut divin.

Cette cavalière qui surgissait au galop, c'était elle. Son nom elle le signe du bout de son ombrelle d'un S qui veut dire Sissi !

Ah, Sissi, Sissi, Sissi ! Séduisante tu l'es à chaque fois.

Conquis, ne se sentant plus de joie,

Albert ouvrit un large bec et cria :

- Sissi, c'est moi !

puis anticipant sur la réponse du concurrent obstiné qui le suivait, il se retourna pour lui lancer, l'air mauvais :

- Et vous, gardez vos Non, nooon ...

Le dernier non baissa d'intensité lorsqu’il se rendit compte à sa grande confusion que l’athlète qui le suivait n‘était plus le même.

Il se répandit en plates excuses qui ne convainquirent pas le quidam qui venait en fait de le rejoindre et, plus rapide, s'apprêtait à le dépasser.

Ce qu'il finit par réaliser en lui jetant au passage, le regard torve :

- Encore un compétiteur à la langue bien pendue mais à l'allure irrégulière.

Sans plus s'occuper de lui, Albert se retourna du côté de sa cavalière qui lui fit signe et repartit ventre à terre.

C'est au moment ou, fou de joie, il se disait que Sissi l'avait salué, que l'affreux dilemme naquit dans son esprit.

Il réalisa que celle qu’il avait vu arriver présentait les traits de Sissi, mais que celle qui l'avait gratifié du signe de la main peu après montrait le visage de l’actrice qui l'avait incarnée sur le grand écran, Romy Schneider!

SA Romyiii, SA vedette culte !

Laquelle affectionnait-il le plus des deux ?

Incapable de se prononcer, il mit sa décision en délibéré entre ses deux cuisses.

ah, non, non, non, trois fois non,

Arrêtons là illico les idées salasses qui réjouissent déjà certains lecteurs.

Rien d'indécent à cela, ce n'est pas le genre de la maison.

Il confia simplement à sa cuisse droite le rôle de Sissi, les royalistes sont bien à droite n'est-ce pas ? Alors que sa cuisse gauche endossait, elle, le rôle de Romy.

Celle qui pousserait le plus fort montrerait vers quel côté pencherait le plus son coeur.

Et là mes amis, son allure prit une vitesse inattendue.

Ni l'une, ni l'autre de ses jambes ne voulut céder.

Chaque accélération de Sissi avait pour réponse une poussée plus puissante de Romy.

Il se mit à doubler des concurrents.

Albert était dans un état proche de l‘asphyxie et de l’Ohio réunis.

Son souffle, non sensibilisé au dilemme maudissait le cinéma et la noblesse.

Notre homme avait l'impression que ses cuisses étaient les pistons d'une locomotive à vapeur qui vrombissait :

Romy-Sissi, Romy-Sissi, Romy-Sissi, tchou chou !..

Les coureurs s'écartaient en entendant arriver son équipage.

On jouait un remake du train et l’on murmurait sur son passage : Voyez le beau train tignant.

L'arrivée approchait, le cœur d’Albert bien qu’emballé ne pouvait se prononcer ni pour l‘une, ni pour l’autre. Quant à Huguette …

Aux calendes grecques !

Lorsque la loco arriva en gare, le débat restait entier mais il fut mis sous l'éteignoir par un événement inattendu.

Deux gendarmes attendaient.

A peine Albert avait-il repris son souffle qu'ils vinrent l'interpeller. Derrière eux, l'air revanchard, le concurrent à qui il avait voulu adresser la parole un peu plus tôt et qui était arrivé visiblement bien avant lui souriait ironiquement.

- Une personne du nom d'Heurtefaux vous a signalé comme étant un concurrent en situation irrégulière, vos papiers s'il vous plaît. Lui asséna le plus gradé des deux.

Albert les emmena à sa voiture, suivi du délateur qui ne voulait rien rater du spectacle.

Ses papiers en règle provoquèrent des réactions de dépit chez les représentants de la maréchaussée passablement contrariés et une réflexion du chef à son subalterne:

- Du chiffre, Gaston, du Chiffre ! Qui laissait entendre qu'ils ne voulaient sans doute pas rentrer bredouilles.

Le sous-fifre, l'air supérieur, prit alors un ton condescendant pour poser à Albert la question suivante :

- Vous prétendez avoir vu l'impératrice Sissi ?

A son grand dam, Albert dut à son tour répondre, tel son concurrent jaloux l’avait fait à son égard un moment auparavant :

- Non, non.

Celui-ci ne se priva point de persifler aussitôt le regard suffisant :

- Je vous l’avais dit qu’il n’avouerait pas !

Histoire d’avoir le dernier mot, Albert rajouta quand même avant qu'ils ne quittent la place :

- Je n’l’ai point vue mais savez-vous ?

- Les grandes dames ne meurent jamais !

 

22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 14:46

Episode précédent : La rencontre

 

Le dénouement (ép.4)

 

Aucune des deux n’avait pensé que son cœur puisse battre en harmonie avec celui d’une personne de même sexe. Mado avait bien eu quelques expériences avec des femmes mais d’un point de vue purement professionnel.

Regardez l’expression coup de foudre. Elle est composée d’un mot masculin : coup et d’un mot féminin: foudre et comme le masculin par convention l’emporte grammaticalement sur le féminin, on a mis l’ensemble au masculin : un coup de foudre. Alors je pose la question aux linguistes : Comment procède-t-on lorsqu’il y a un féminin avec un féminin ou un masculin avec un masculin ?

C’est après la course qu’elles franchirent le pas. Preuve que la Passerelle et l’amour du cross ouvrent !

A l’arrivée du huit kilomètres que gagna Mady chez les féminines, elles se parlèrent et se plurent.

Mado souffla Mady à Groucho qui ne put pas même l’approcher pour l’engager.

Elles filèrent le lendemain vers Étretat en convoi et il ne les revit plus.

L’hiver suivant, afin de consoler leur président qui avait échafaudé tant de fantasmes de victoires avec Mady, ses athlètes remportèrent LE challenge. Il était aux anges !

Quant aux deux jeunes femmes elles s’installèrent ensemble à Paname. Mado suivit une formation de pédicure et quitta la rue. Elle prit soin à l’occasion des pieds de sa coureuse mais aussi de ceux de nombreuses anciennes collègues car le pied de grue fatigue les arpions.

 

Elles vécurent heureuses et n’eurent pas d’autres enfants puisque Mady en avait déjà …

Quant à Pasquet, il court toujours.

 

 

Contes à dormir coureur : Le cross (épisode 4/4)

Jean François JOLY

15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 23:02

Retour à l'épisode précédent  : Attirés par la Passerelle

 

La rencontre (ép.3)

 

Mady goûtait ce premier entraînement dans la foret où devait se dérouler La Passerelle.

Le temps était de la partie. Depuis quelques jours le soleil avait décidé de quitter le rôle d’ours qui hiberne dans sa grotte pendant de long mois pour apparaître enfin et la boue avait battu en retraite.

Elle reconnaissait le parcours que les bénévoles avaient déjà tracé en grande partie.

Tout en courant son esprit vagabondait sur le chemin de sa vie et passait en revue ses rencontres amoureuses dont la dernière lui avait procuré la plus grande des désillusions. Elle songeait que son activité athlétique était une amie fidèle mais qu’elle était bien jeune pour se passer de la magie que procure une relation amoureuse.

Tout à l’heure elle allait retrouver son fidèle papa et ses fils au Novotel où ils avaient pris chambre. Pendant qu’elle effectuait sa sortie les trois complices étaient allés se défouler avec les jeux de docks laser via un passage sur les quais pour y voir les bateaux.

 

 

Les collègues ne manquent pas à Rouen s’était dit Mado en parcourant la ville. On lui avait indiqué la direction du Parc expo où aurait certainement lieu cette course comme lui avaient suggéré les passants qu’elle avait questionnés.

On a tort de croire que le noir nuit aux blacks. La tenue uniforme qu’elle avait revêtue, accentuait sa félinité de panthère. Elle s’engagea sur la route forestière qui traverse la forêt au-delà de la barrière qui succède au Novotel. Les promeneurs et sportifs fréquentaient nombreux cette voie en cette journée ensoleillée, en particulier les cyclistes dont certains roulaient à une allure qui effraya quelque peu la jeune femme. Au premier rond point qu’elle trouva, elle décida de bifurquer sur un sentier. Elle cheminait depuis un moment Quand elle croisa Mady.

 

Cette rencontre aurait pu constituer la trame de ces anciens romans photos en noir et blanc qui se vendaient à une époque où la télévision n’avait pas l’importance qu’elle revêt aujourd’hui mais elle valait bien mieux que cela.

Quand elle se croisèrent, Mady troublée ralentit sa foulée et Mado s’arrêta le souffle coupé.

La montre GPS de l’une afficha cent quatre-vingts pulsations alors que sa propriétaire avançait au ralenti puis se dérégla totalement en présence de cet autre satellite qui lui faisait buguer du doigt un trou noir.

La poitrine de l’autre fut obstruée par une grosse boule qui descendait jusqu‘au ventre.

Le contraste que constituait la proximité de la blancheur immaculée de la madone du jogging avec la noirceur de la black panthère touchait au sublime.

Si l’on se réfère aux différents registres de langue, soutenu, courant ou vulgaire, la sagesse populaire prétend que :

les contraires satyres, les contraires s’attirent ou pardonnez moi de rapporter ces propos machos, les contraires ça s’tire

D’ailleurs elles se retournèrent, se suivirent du regard puis partirent à regret.

Présentation

  • : Running Club Stéphanais 76
  • : Association loi 1901 . Club de course à pieds ouvert aux adultes hommes et femmes . Entrainements hebdomadaires en forêt du Madrillet . Courses sur routes . Club engagé dans le "Challenge Inter Cross de la Seine" . Groupe pratiquant la marche "rapide".
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Trail du Rouvray 2022

Dimanche 20 novembre 2022
Gymnase de l'INSA

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