En octobre 2016, Philippe Leleu, président du club d'Alizay et multi-récidiviste sur 24 h m'encourage à tenter le tour d'horloge : j'avais l'envie, depuis longtemps, de me lancer sur 24 h, alors pourquoi pas ?
Après avoir envisager de courir un 100 km ensemble, François est d'accord pour relever le défi : la première tentative sera à Eppeville dans la Somme le 06 et 07 Mai 2017.
Nous n'avons pas de programme d'entrainement précis, nous ferons 2 à 3 sorties en semaine et 2 grosses sorties ensemble le week-end. Fin janvier, nous sommes déjà prêt pour un marathon !
Nous décidons de nous faire plaisir en participant aux cross du Challenge, aux 30 Bornes de St Paêr le 26 Mars (2 h 28) et je ferai le semi des Boucles de la Seine (1h36), François les 30 km du Trail Robert le Diable en 3 h 41.
Juste après, nous intégrons des entrainements de 2 h à 2 h 30 en circuit ; nous ferons de nombreuses sorties au Champ de Course à Sotteville sur 1 500 m et pour y travailler l'allure qui nous va bien et qui nous permettra de courir le plus longtemps possible (entre 10,5 et 11 km/h).
Les semaines passent et l'échéance approche. François digère bien les entraînements et à son retour de vacances en famille, je le retrouve en superbe forme et vraiment prêt. Nous sommes à 3 semaines de notre but. Nous avons hâte d'y être, tout en gardant en tête que le défi est de taille.
C'est le week-end du 1er Mai qu'un imprévu vient pimenter la dernière semaine : un insecte, que je ne pourrai pas nommer, me pique au pied gauche au point de ne plus pouvoir le poser quelques heures après. J'ai quelques anti-douleurs dans ma pharmacie, mais rien n'y fait, mon pied est très gonflé et sensible. Le mardi suivant, je me décide à rendre visite à mon médecin et il me prescrit des antibiotiques pour un infection et est très réservé sur ma participation aux 24 heures, et moi aussi !
Samedi 06 Mai à 6 H 00 : nous partons à Eppeville pour 2 heures de route. Le traitement a fait son effet, le pied a bien dégonflé mais reste sensible et je déciderai, sur place, si je prends le départ ou pas.
Nous retrouvons nos amis d'Alizay arrivés la veille et nous installons les tentes dans la zone réservée au bord du circuit et dans une bonne ambiance, nous récupérons les dossards et nous reposons un peu.
Les départs du 6 h et du 24 h sont donnés simultanément à 11 H 00 : 15 coureurs sont inscrits sur les 6 h et 36 sur le 24 h.
Le circuit fait 2 km , c'est un peu plus long que ce qui se fait sur ce type de course (entre 1 km et 1km500), l'organisation nous a donc gâtés, nous ferons moins de tours ! La pluie s'est invitée et ce n'est pas spécialement une bonne chose, elle nous accompagnera pendant ces 24 h.
Nous courons les 6 premières heures ensemble, Notre duo avance bien. C'est à la 6 ème heure que François ressent un petit coup de mou et m'encourage à continuer sans lui. Je me sens bien, je l'écoute, je continue : François revient en piste assez rapidement et nous repartons ensemble jusqu'à 19 h 00, moment que j'ai choisi pour me reposer 1 h. Avec les arrêts aux ravitaillements et les passages au vestiaire pour nous changer ( et oui, il pleut toujours !), nous avons parcouru un peu plus de 60 km.
A mon retour, François est toujours en piste, nous courons beaucoup moins ensemble mais le parcours nous permet de se croiser et de s'encourager. Les heures passent, notre prochain objectif est de passer les 12 h de course; la température a bien baissé et le vent commence à souffler.
Vers 21 h, je m'autorise quelques frites bien chaudes, commandées au tour précédent, pour me réchauffer et changer du ravitaillement classique.
A la 12 ème heure, François court toujours, gère bien ses pauses et ses ravitaillements.
A ce moment, la course devient difficile pour moi : je n'arrive plus à me réchauffer et François a la bonne idée de me prêter une veste un peu plus épaisse et étanche ! Je repars en marchant, nous referons un bon bout de route ensemble : François est tout prêt de devenir cent-bornard et je veux être là pour ce grand moment : il passera cette distance à 2 h 00 du matin à la 15 ème heure !
François décide de faire une pause d'une heure, il a bien mérité ce moment de repos. Je le retrouve bien frais et lui annonce que ce sera à mon tour de me reposer dès que j'aurai passé les 100 km, distance que je passerai à 3 h00 du matin (16 ème heure).
J'ai toujours aussi froid et le sommeil tarde à venir. Malheureusement pour moi, la pause est plus longue que prévue. Je me suis vraiment endormi et c'est à 6 h 00 du matin que je me réveille : il pleut toujours, le vent ne s'est pas calmé et il fait encore plus froid que dans la nuit ; j'ai mal au pied et je n'ai plus le courage de remettre les baskets, je décide d'abandonner. L'envie n'y est plus, je ne me sens plus capable de courir ou marcher pendant plus de 4 h :je laisse mon dossard à François qui le redonnera à l'organisation à l'autre bout du circuit. François est déçu pour moi mais comprends ma décision. De mon côté, je suis heureux de le voir toujours dans la course et surpris de le voir courir presque 20 h après le départ !
C'est après une bonne douche et une soupe bien chaude que je reprends mes esprits : il reste 4 h de course, je vais encourager François et tous les autres participants à aller au bout de leur 24 H.
A ce moment de la course, ils sont très peu à courir et François fait partie de ceux-là !
La dernière heure se fait encore sous la pluie et le vent; François va terminer en fanfare son premier 24 H, sa montre affichera même 12 km/h ! Impressionnant et il en est le premier surpris !
Il est 11 h 00 du matin, la course est terminée, François a réalisé 81 tours soit 162 km et termine 7 ème de la course! Pour une première, il a fait fort !
La remise des récompenses se fait dans la salle où avait lieu les pointages et nous sommes tous invités à monter trois par trois sur le podium pour dire un mot au micro et récupérer un trophée : pour beaucoup, les marches du podium ont été difficiles à escalader !
Sans avoir jamais couru plus de 4 h de suite, François l'a fait et de la plus belle des façons !
Ce type de course a l'avantage d'être sur un circuit, l'allure est libre, vous pouvez courir, marcher : chacun fait ce qu'il veut et surtout, ce qu'il peut !
Alors, si vous vous sentez l'envie de relever ce défi, n'hésitez pas, nous y serons sûrement l'année prochaine !
Un grand BRAVO, François !!!
Bruno LHUILLIER