27/9/2015, Sous le soleil de Satan, lors d'un week-fend d'enfer, le RCS se distingue à la course des périls !
Il y a des fins de semaine où le mystère rode, l'exceptionnel se banalise, l'inattendu s'invite et où, on peut le dire, l'histoire balbutie.
Bien que certains d'entre vous n'en ont jamais été témoins, je peux vous certifier que d'autres dont votre serviteur, ont récemment constaté l'action des forces du mal de leurs propres yeux.
Tout a commencé un vendredi soir de septembre de l'an de grâce 2015. L'assemblée générale du sympathique club de course à pied de Seine Maritime, le Running Club Stéphanais, venait de débuter. On avait évacué les sujets habituels traités lors d'une réunion telle que celle-ci lorsque quelques adhérents et non des moindres changèrent soudain d'aspect pour revêtir le corps de personnages qui vécurent au treizième siècle. La métamorphose toucha d'abord le bon président Jérôme Pesquet qui prit les traits du pape Innocent III. Peu après, les membres du bureau se muèrent en représentants du Saint Siège avec une ressemblance à en rester assis à tel point qu'on aurait pu se croire au conseil du Latran de 1215 que vous connaissez tous, j'en suis persuadé.
Cet aréopage rendit d'abord compte aux fidèles du club de l'acte des impies de Oissel. Ces félons venaient de supprimer la passerelle qui unissait nos deux territoires voisins.
Ils débattirent ensuite ardemment de la grand messe pédestre du dimanche matin avec le grand inquisiteur Laurent Algrain. Ce dernier voulait en effet soumettre à la question, voire excommunier les hérétiques qui pratiquaient à dix heures, soit une heure plus tard que le coup d'envoi de la messe officielle.
Le débat momentanément clos (s'arrétera-t-il un jour ?), tout rentra dans l'ordre et la discussion sur la demi-heure (qui se prolongea durant une heure) ainsi que le pot qui suivit se passèrent sans l'intervention du malin.
Car derrière cette métamorphose qui ne concerna que certains d'entre nous, je soupçonnai l'action malveillante de Lucifer contre notre club bien aimé qu'il voulait sans doute entraîner vers l'en Trail des enfers. Une nouvelle épreuve qu'il convient d'aborder "tout feu, tout flamme".
Nous n'étions pas au bout de nos surprises. Dès le lendemain, Belzébuth dans le but de nous impressionner provoquait un phénomène quasimment rarissime : du soleil sur le Nord et la Normandie dans la même journée !
Cela, tous les participants stéphanais à la course des Terrils qui partirent du parc des expositions de Rouen pour gagner Raimes, lieu de la course, en fin d'après midi, purent le constater. Sauf peut-être Jean-Yves appelé aussi GPS (Grand Perdu Stéphanais) et ses passagers qui ne rejoignirent le nord qu'à la nuit tombée.
Le repas à 22 devant une rangée de cars de CRS au Campanile de Raimes petite forêt ramena un peu de sérénité au groupe qui avait dû chercher longtemps le chemin des dossards, trompé par la partition erronée de la bande à Basile.
Sophie, en grande prêtresse ailée du club, voletant d'une table à l'autre, ne fut pas la dernière à donner de sa personne afin de rassurer ses ouailles et les préparer au mieux à l'épreuve du lendemain. Confessant l'un pour le laver de ses péchés, réconfortant l'autre, elle joua à merveille son rôle de masseuse des âmes. Oserais-je dire qu'elle y prît son pied ?
Ce fut après manger que le diable intervint de nouveau. Les amateurs de rugby de notre groupe regardaient paisiblement les anges blancs de l'équipe d'Angleterre faire parler l'avantage du terrain dans leur temple de Twickenham contre les gallois, lorsque Le Cornu intervint. Il donna aux diables rouges gallois une telle force que ceux-ci inversèrent le résultat ! Stupeur et joie dans notre camp qui préfère le rouge au blanc mais avertissement pour le lendemain. D'autant plus que le reste de la troupe s'était rendu dans l'un des antres latinos que Méphisto met à la disposition des âmes à glaner. J'ai ouï-dire qu'Innocent ne le fut pas tant que ça et qu'il ingurgita des bulles à défaut d'en éditer ce que tout le monde préfère car il lui arrive de nous en envoyer une dizaine à la fois dans le même mail !
Enfin le grand jour arriva. Le démon était bien là, une nouvelle bourrasque de rayons de soleil narguaient de nouveau les chetimis comme le prononce Galabru.
Julien fut le premier à connaître son emprise. Lui qui courait le 9 kilomètres se réveilla juste à temps pour rejoindre presto le départ. Sans l'héroïque intervention de son coéquipier de chambre qui n'hésita pas à se réveiller lui-même pour qu'il parte à l'heure, il dormirait encore !
Pour autant, l'équipier de Julien ne se tira pas indemne de l'influence néfaste d'Azazel. Ce joli coureur et un couple qui avait beaucoup fauté dans la nuit furent transformés illico en créatures de Satan. C'est dans cet équipage qu'ils prirent le départ.
Dieu merci, il existe ici bas des brebis qui ne s'égarent pas. Des brebis droites dans leurs sabots qui restent dans les sentiers que le seigneur a tracés. Des brebis mais aussi des boucs ! Puissants, endurants, courageux. Le meilleur d'entre eux fut indéniablement Luc l'auteur du troisième évangile du coureur à pied où sont détaillées sa science de la course et sa discipline de vie.
La course à pied, un art qu'il aime et qu'il maîtrise au plus haut point. Ce goût de l'effort l'amène à rechercher la difficulté.
"A vaincre sans terrils, on triomphe sans gloire" s'est-il écrié au départ de la course des 16 kilomètres pourvue de trois de ces obstacles pentus et glissants.
Dès le départ, Luc est tenace, luc est rapide, Luc s'envole dans sa catégorie !
Mais que se passe-t-il ? Le malin essaie maintenant de guider ma main pour écrire la suite, je crains le pire...
C'est fait, Satan m'habite, je vais proférer des paroles inqualifiables !
Luc va gagner, il exulte et quand Mabit jouit, c'est l'adversaire qui déguste !
Ah pardon ! J'ai honte. Lucifer a guidé ma plume ! Pardon je reprends le cours de mon récit.
Sainte Sophie va me donner l'occasion de me reprendre car elle aussi brille et progresse tant et si bien qu'elle conquière la médaille de bronze. Juste récompense à son talent et ses louables efforts de remise en forme.
Et pendant ce temps, qui folâtre derrière ? Qui se fait photographier au départ, interviewer dans le deuxième terril, embrasser par des amis venus pour l'occasion ?
C'est Philou et sa Christine accompagnés d'une femelle dont le maillot est ainsi gravé en ch'ti:
"Ravise c'te fil
Al est teri'l"
Ce qui signifie: Regarde cette fille, elle est terril
Elle peut-être, mais leur résultat ? plutôt du genre dors mon p'tit quinquin !
A l'arrivée Innocent est là. Lui qui a tout donné pour une 11ème place qui ne reflète en aucun cas ses mérites leur parle :
- Innocent : Ah vous voilà vous ! Regardez, les voilà les pomponnets ! C'est maintenant que vous arrivez ?
Et le pauvre Innocent qui s'est fait un mauvais sang d'encre ! Il montait, il descendait, il virait, il courait dans tous les coins... Plus époumonné que lors d'un marathon il était ! Et eux, pendant ce temps avec les spectateurs, des inconnus, des sportifs du bord de route, qu'est-ce qu'ils avaient de plus que les gens du club ?
- Les Pomponnets : Rien .
- Innocent : Vous dites rien, mais si vous n'aviez pas honte ou pitié du pauvre Innocent, vous diriez que le démon vous a appris à rechercher la gloriole, à vous faire caresser la carcasse par ces minus des terrils, à aimer les paillettes et le strass !
Et les pomponnets partirent aux douches en pleurant car à la course des terrils c'est comme pour le nord :
In brai toudi deux fo
On pleure toujours deux fois.
Une fois quand on arrive car le parcours nous effraie et une fois en partant.
Jean François
PS : Aux dernières nouvelles, Jean Yves n'est pas encore rentré. On le signale du côté du purgatoire.