Retour à l'épisode précédent : Attirés par la Passerelle
La rencontre (ép.3)
Mady goûtait ce premier entraînement dans la foret où devait se dérouler La Passerelle.
Le temps était de la partie. Depuis quelques jours le soleil avait décidé de quitter le rôle d’ours qui hiberne dans sa grotte pendant de long mois pour apparaître enfin et la boue avait battu en retraite.
Elle reconnaissait le parcours que les bénévoles avaient déjà tracé en grande partie.
Tout en courant son esprit vagabondait sur le chemin de sa vie et passait en revue ses rencontres amoureuses dont la dernière lui avait procuré la plus grande des désillusions. Elle songeait que son activité athlétique était une amie fidèle mais qu’elle était bien jeune pour se passer de la magie que procure une relation amoureuse.
Tout à l’heure elle allait retrouver son fidèle papa et ses fils au Novotel où ils avaient pris chambre. Pendant qu’elle effectuait sa sortie les trois complices étaient allés se défouler avec les jeux de docks laser via un passage sur les quais pour y voir les bateaux.
Les collègues ne manquent pas à Rouen s’était dit Mado en parcourant la ville. On lui avait indiqué la direction du Parc expo où aurait certainement lieu cette course comme lui avaient suggéré les passants qu’elle avait questionnés.
On a tort de croire que le noir nuit aux blacks. La tenue uniforme qu’elle avait revêtue, accentuait sa félinité de panthère. Elle s’engagea sur la route forestière qui traverse la forêt au-delà de la barrière qui succède au Novotel. Les promeneurs et sportifs fréquentaient nombreux cette voie en cette journée ensoleillée, en particulier les cyclistes dont certains roulaient à une allure qui effraya quelque peu la jeune femme. Au premier rond point qu’elle trouva, elle décida de bifurquer sur un sentier. Elle cheminait depuis un moment Quand elle croisa Mady.
Cette rencontre aurait pu constituer la trame de ces anciens romans photos en noir et blanc qui se vendaient à une époque où la télévision n’avait pas l’importance qu’elle revêt aujourd’hui mais elle valait bien mieux que cela.
Quand elle se croisèrent, Mady troublée ralentit sa foulée et Mado s’arrêta le souffle coupé.
La montre GPS de l’une afficha cent quatre-vingts pulsations alors que sa propriétaire avançait au ralenti puis se dérégla totalement en présence de cet autre satellite qui lui faisait buguer du doigt un trou noir.
La poitrine de l’autre fut obstruée par une grosse boule qui descendait jusqu‘au ventre.
Le contraste que constituait la proximité de la blancheur immaculée de la madone du jogging avec la noirceur de la black panthère touchait au sublime.
Si l’on se réfère aux différents registres de langue, soutenu, courant ou vulgaire, la sagesse populaire prétend que :
les contraires satyres, les contraires s’attirent ou pardonnez moi de rapporter ces propos machos, les contraires ça s’tire
D’ailleurs elles se retournèrent, se suivirent du regard puis partirent à regret.