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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 11:17

Chers amis Du RCS je vous souhaite tout d'abord la meilleure réussite sportive pour certains et les plus beaux moments de loisir possibles pour tous. Le relais du club nous a montré une nouvelle fois que le mot convivialité recouvrait tout son sens dans notre club que l'on soit marcheur, coureur ou simple consommateur de galette.

Certains d'entre vous rattrapent déjà les agapes en redoublant d'efforts en fonction d'objectifs plus ou moins lointains. Le fractionné, parfois sur de petites distances, entre dans leur préparation.

L'occasion pour moi d'aborder après le marathon, le cross et le trail, la plus courte des épreuves pour enrichir le panel des distances abordé par la rubrique des Contes à dormir coureur.

L'occasion aussi de mettre en garde nos compétiteurs. Attention ! Les dérives du sport spectacle ne sont pas loin.

Un ami que je nommerai pas, qui a peu de cheveux et des lunettes, a du changer de chaussures tant ses pieds ont grandi...

Il chausse désormais des Nike d'un drôle de bleu pétant mais chut, nous ne sommes pas des new balances.

Il prétend que c'est le cadeau de Noël de sa femme. Ne nous y trompons pas et voyez plutôt ce témoignage que je suis allé spécialement recueillir aux States pour le ramener dans le droit chemin.

Bonne saison à tous.

                                                                               Jean François

 

 Le cent mètres : ni sang, ni maître.

Tout petit déjà, j’avais la vitesse dans la peau.

Attendez, je vous vois venir, pas enfant, ni adolescent, non… non…

Vous ne fractionnez pas sur la bonne piste.

Mais bébé, oui déjà bébé !

Vous n’allez peut-être pas me croire mais mon accouchement n’a pas duré dix secondes !

Le temps d’un cent mètres et le nouveau né avait giclé.

Cinq kilos six cent soixante-quinze, stoppés seulement par le cordon.

Un sacré choc pour ce dernier !

Une simple lime à ampoule

Aurait suffi à m’en séparer

Tant cette pompe nutritive avait été éprouvée.

Un mot qui fâche ampoule …

À peine my mother perdait-elle ses eaux que je jaillissais, à bloc,

De mes starting- blocks.

Bien joué big mamita,

Ton placenta n’était pas du nougat !

Le toubib, ce starter qui donne le signal de départ de la vie extra utérine,

Celle qui commence à la naissance,

N’a pas eu à dire: Poussez !

Je n’étais pas alors un gros dopé et, excepté ma mère, qui n’en a aucunement l’allure,

Je ne connaissais pas de créature.

 

Et puis les jours ont passé.

Dans mon ghetto, à proximité de la clinique,

Mes muscles se sont mis à gonfler.

At home, on mangeait souvent potatoes et poulet.

Cette nourriture m’a initié au mot hormone.

L’état de ma croissance n’en réclamait pourtant pas.

Une fois leur sac arraché à nos victimes, la raison prônait de ne pas traîner pour s’échapper.

Pas tant aux créatures à qui on le piquait, mais aux témoins, trop bien intentionnés

Envers ces dames qui vivaient un drame.

Nous nous en serions voulu de mêler du sang à leurs larmes.

Se doper n’était pas une nécessité.

Une fois le larcin effectué, un départ canon et savoir se faufiler,

Voilà les qualités que l’exercice demandait.

J’effleurais les créatures plus que je ne les voyais.

Dans la bande, je n’étais pas le dernier et l’on s’habitue vite à vouloir rester le meilleur.

Pour cela, il faut parfois allier des qualités paradoxales :

Avoir du cœur au ventre et exceller dans l’art de prendre ses jambes à son cou.

Je me suis éloigné de la clinique.

 

Vint le temps où l’on roule des mécaniques.

On a envie d’épater, de se faire mousser, admirer.

Appréciez mes pectoraux, mesdemoiselles, ils ne sont pas beaux ?

Qui veut tâter du bon biscoto ?

On toise les keufs.

On drague les meufs.

On est tenté par plus gros que les petits larcins.

On a des rapports interlopes avec la dope

Et on affole sur Interpol.

On s’affiche avec des créatures.

Rapport à ma rapidité, j’ai eu la chance qu’on m’ait récupéré.

On m’a trouvé une bonne université.

A elle les titres, à moi la vie d’étudiant choyé.

Du sucré salé car au menu l’entraînement était chargé :

Séries en tout genre, technique de départ, de foulée,

Relâchement, muscu, kiné.

Pour encaisser tout ça, le bonhomme aussi était chargé :

Hormone de croissance qui nécessite un changement de chaussures quelques temps plus tard.

Pas un problème quand on est bien sponsorisé,

EPO qui permet de supporter les charges de travail élevées, anabolisants, excitants.

J’étais un gros dopé mais l’accès aux créatures, priorité à l’efficacité, m’était par trop interdit.

Alors je suis devenu chasseur pour la nation : de records, de médailles, de primes.

Souvent le même cérémonial :

Toiser ses rivaux dans la chambre d’appel,

Se déplacer comme un déménageur,

Présenter un regard de tueur à faire saliver les speakers.

Et la concentration…

Ah ! La fameuse concentration !

Chacun son geste, chacun son rictus,

La ligne et la gloire t’attendent au bout de ton couloir.

Et le silence qui précède le départ…

Dans le stade, chacun retient son souffle,

Hormis le commentateur dans sa cabine

Qui s’évertue inlassablement à vendre son spectacle FANTASTIQUE !

Produit par des athlètes EXCEPTIONNELS !

A la plastique SENSATIONNELLE !

Regardez comme CETTE vie et MA chaîne sont BELLES !

 

A l’arrivée ?

Même pas fatigué !

On continue à courir,

On a tout le stade à sourire !

On se vêt du drapeau,

Un p’tit bisou aux potos

Et tape la main des supporters.

On s’arrête enfin aux micros, façon très pro.

Pour en arriver là, on a beaucoup travaillé.

Cette médaille on la voulait.

Quelle horreur! A la dope, jamais je n’ai touché !

Ces tricheurs, il faut sévèrement les châtier.

Les avions, les pays, les palaces,

Les spots de publicités, les festivités,

Toute la vie, toute la vie.

 

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé.

Sans doute un jaloux qui a trop parlé…

Dans mon sang ils ont décelé un produit interdit.

La plupart du temps, tout le monde se tait.

Là où se terre l’intérêt,

L’omerta croit et embellit.

On a fouillé mes bagages,

Les journalistes ont pu en noircir plusieurs pages.

Personne n’a voulu comprendre que je désirais soigner mon chien asthmatique.

De fait, j’ai trouvé autre chose. J’avais un médecin alcoolique qu’avait bouffé son code éthique.

Enfin, j’ai beaucoup menti.

Alors on m’a jeté aux orties.

Très mauvais pour l’image de leur business,

Quand la note devient trop épaisse.

Chaud pour la fédération dont tous les pores suent les sponsors…

Pschitt …

En fuite !

On a dit que j’étais un gros dopé et ma créature m’a quitté.

Comme j’avais pris goût au mensonge et que malgré mes brillants résultats universitaires,

Grand-chose, je ne savais faire,

Je me suis mis à confectionner des faux.

Me voici derrière les barreaux.

 

De ma cellule quand il fait beau,

J’essaie d’entrevoir un ruban d‘espoir.

Celui qui ceint la chevelure d’une angélique créature.

Elle me ferait oublier un présent fort frustrant.

Bien qu’en mon corps, mon sang ne fasse qu’un tour et me pousse à foncer,

derrière les murs de ma prison, pour prolonger la promenade

Dans cette cour qui mesure cent mètres,

je marche à tout petits pas,

et je parcours cette distance le plus lentement possible,

Histoire de faire passer le temps…

 

Publié par Jean François JOLY - dans Contes à dormir coureur

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